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WASHINGTON, 27 novembre (Reuters) - Une cour d'appel
fédérale des Etats-Unis a débouté vendredi l'équipe de Donald
Trump qui demandait à ce que soit bloquée l'annonce de la
victoire de Joe Biden en Pennsylvanie, infligeant un nouveau
revers significatif au président sortant et à ses conseillers.
"Des élections libres et justes sont le poumon de notre
démocratie. Des accusations d'iniquité sont graves. Mais
affirmer qu'une élection est injuste ne suffit pas à l'établir.
Les accusations doivent comporter des allégations précises puis
des preuves. Nous n'en avons pas dans cette affaire", a écrit le
juge Stephanos Bibas, résumant l'opinion des trois juges de la
cour d'appel du troisième circuit.
Donald Trump, qui a assuré jeudi qu'il respecterait le vote
du collège électoral américain, le 14 décembre prochain,
continue cependant de se dire victime d'une "élection truquée"
et espère inverser l'issue de l'élection présidentielle du 3
novembre dernier, dont son rival démocrate a été déclaré
vainqueur.
Le désaveu est d'autant plus rude pour le camp Trump que le
juge Bibas a été nommé en personne par le président sortant. Les
deux autres juges, Brooks Smith et Michael Chagares, ont été
nommé par un autre président républicain, George W. Bush.
"Les électeurs, et non les avocats, choisissent le
président. Les bulletins de vote, et non les dossiers, décident
d'une élection", ajoutent les trois juges.
Le camp Trump a rapidement réagi en annonçant qu'il
porterait l'affaire devant la Cour suprême des Etats-Unis.
"A la SCOTUS !", a écrit sur Twitter, reprenant l'acronyme
de la plus haute instance judiciaire du pays, Jenna Ellis, une
des avocates de l'équipe de campagne du président sortant, avant
d'ajouter: "Les rouages judiciaires militants de Pennsylvanie
continuent de couvrir les allégations de fraude massive."
ÉCHÉANCE LE 8 DÉCEMBRE
La victoire de Biden en Pennsylvanie, avec 80.000 voix
d'avance, a été certifiée cette semaine.
Elle lui attribue les 20 grands électeurs désignés par cet
Etat crucial de la région des Grands lacs au Collège électoral.
En l'état des résultats déclarés, Joe Biden est crédité de
306 grands électeurs contre 232 pour Donald Trump. Même si ce
dernier parvenait à renverser le résultat du scrutin en
Pennsylvanie, il lui faudrait aussi faire basculer deux autres
Etats pour rester à la Maison blanche au-delà du 20 janvier
prochain.
Or les différents recours formés par ses équipes dans le
Michigan, en Georgie, en Arizona et dans le Nevada, tous
attribués à Biden, ont échoué.
Les Etats ont jusqu'au 8 décembre pour régler tous les
éventuels litiges post-électoraux.
Les tentatives du camp présidentiel semblent vouées à
l'échec, mais la remise en cause permanente de l'intégrité du
processus électoral par Donald Trump risque de laisser des
traces très profondes dans l'opinion.
Des sondages montrent qu'une majorité des électeurs
républicains estiment que leur candidat a bien remporté
l'élection et ils sont nombreux à partager ses affirmations
relative à une fraude en dépit de l'absence de preuves.
L'appel rejeté vendredi était consécutif à une décision
rendue par le juge de district Matthew Brann, qui avait estimé
le 21 novembre que le recours déposé par les avocats de Trump
était un "monstre de Frankenstein" juridique, assemblant des
"arguments sans fondement" et des "accusations spéculatives".
(Makini Brice et Tom Hals
version française Henri-Pierre André)