par Gavin Jones
ROME, 25 janvier (Reuters) - Les parlementaires italiens
n'ont pas pu élire mardi un nouveau président de la République,
les chefs de file des principaux partis politiques n'étant pas
parvenus, pour une deuxième journée consécutive, à trouver un
consensus sur l'identité du successeur de Sergio Mattarella à la
tête de l'Etat.
Si l'actuel président du Conseil italien, Mario Draghi,
apparaît toujours comme le candidat le plus probable, ses
ambitions sont entravées par la crainte de voir son élection à
la présidence aboutir à l'éclatement de sa vaste coalition
gouvernementale, en place depuis près d'un an, et à la tenue
d'élections législatives anticipées.
Il s'agit d'un choix crucial. Le mandat présidentiel, d'une
durée de sept ans, confère des pouvoirs importants que les
crises politiques à répétition ces dernières années ont mis en
exergue. Le chef de l'Etat a le dernier mot sur la nomination du
Premier ministre et sur la dissolution du Parlement.
Après des discussions menées en coulisses pendant plusieurs
jours, les partis de centre-droit ont présenté trois candidats
possibles, issus des rangs conservateurs: un ancien "speaker" du
Sénat, un ancien maire de Milan et un magistrat à la retraite.
Mais le bloc de centre-gauche a très rapidement rejeté ces
trois noms, demandant la tenue d'une nouvelle réunion mercredi
pour tenter de sortir d'une impasse qui menace de déstabiliser
davantage l'Italie, en difficulté face à la crise sanitaire du
coronavirus et pour relancer une économie impactée par celle-ci.
Contrairement à la France par exemple, où l'élection
présidentielle découle d'un vote populaire, l'élection du
président de la République italienne s'effectue par un collège
de 1.008 membres - les élus des deux chambres du Parlement et
des délégués régionaux.
Le centre-droit compte davantage d'électeurs que le
centre-gauche, mais aucun des deux blocs ne disposent de
suffisamment de voix pour porter un candidat au pouvoir, rendant
l'élection ouverte et des compromis nécessaires.
Une majorité de membres du collège électoral ont déposé
mardi un bulletin blanc, comme ils l'avaient fait la veille, une
manière de prolonger la période de négociations.
Pour être élu président, un ou une candidate doit réunir une
majorité des deux tiers lors des trois premiers tours de
scrutin, un seuil ramené à la majorité absolue dans les tours
suivants. Le Parlement a prévu d'organiser un vote par jour.
Il est attendu que le vote de mercredi se termine de nouveau
sur un échec, loin du "tapis rouge" vers la présidence promis
jusqu'à récemment à Mario Draghi.
Certains politiciens souhaitent que Mario Draghi reste à la
tête du Conseil pour éviter toute secousse supplémentaire dans
la lutte contre la nouvelle vague de l'épidémie de coronavirus
et pour s'assurer que l'Italie reçoive les milliards d'euros
d'aide de l'Union européenne.
L'ancien président de la Banque centrale (BCE) a toutefois
prévenu que la coalition gouvernementale pourrait éclater malgré
son maintien en poste si aucun consensus n'est trouvé entre les
partenaires politiques sur l'identité du nouveau président.
Parmi les autres noms évoqués pour briguer la présidence
figurent ceux de la présidente du Sénat, Elisabetta Casellati,
de l'ancien président de la Chambre des députés Pier Ferdinando
Casini et de l'ancien président du Conseil Giuliano Amato.
Certains responsables préfèreraient que Sergio Mattarella
accepte finalement de se présenter pour un second mandat de sept
ans, une hypothèse que le chef de l'Etat, âgé de 80 ans, a
jusqu'à présent exclue.
(Reportage Angelo Amante, Gavin Jones et Crispain Balmer;
version française Jean-Stéphane Brosse et Jean Terzian)