par Benjamin Mallet
PARIS, 17 janvier (Reuters) - La décision du gouvernement
d'obliger EDF à vendre davantage d'électricité
nucléaire à bas prix à ses concurrents a été vécue comme un
"choc" par l'électricien public, indique son PDG dans un message
aux managers du groupe, qui prévoit de présenter d'ici un mois
des mesures pour renforcer son bilan et "protéger ses intérêts".
L'exécutif a annoncé jeudi que, pour limiter la hausse des
tarifs réglementés de l'électricité (TRV) à 4% au 1er février,
il augmenterait de 100 à 120 térawatts-heure (TWh) les volumes
qu'EDF doit céder à ses concurrents dans le cadre du dispositif
Arenh (accès régulé à l'électricité nucléaire historique), une
mesure susceptible d'avoir un impact de 7,7 à 8,4 milliards
d'euros sur les résultats du groupe.
"Après l'avoir beaucoup combattue, nous vivons cette
décision comme un véritable choc", indique le PDG Jean-Bernard
Lévy dans un message aux managers d'EDF, obtenu par Reuters,
soulignant que la mesure "s'impose" au groupe alors qu'il
défendait des "alternatives ciblées au bénéfice des clients les
plus sensibles à la hausse des prix, principalement les TPE et
les usines les plus exposées".
EDF a subi une lourde chute en Bourse vendredi après avoir
également annoncé une révision à la baisse de ses perspectives
de production nucléaire pour 2022 - en raison d'arrêts de
réacteurs liés à des problèmes de corrosion -, ainsi qu'un
nouveau retard et un surcoût supplémentaire du projet d'EPR de
Flamanville (Manche).
"Ces mauvaises nouvelles ébranlent le groupe", estime
Jean-Bernard Lévy.
"Avec le comité exécutif, nous examinons les mesures
appropriées pour renforcer la structure bilancielle du groupe et
toute mesure de nature à protéger ses intérêts. Ce qui est en
jeu, c'est notre capacité à préserver notre développement
stratégique. Nous comptons rendre ces mesures publiques sous un
mois."
Le PDG écrit également qu'il "partage (l')émotion" de ceux
qui lui ont fait part de "leur soutien, voire de leur
indignation", ajoutant que le comité exécutif et lui-même
restent "très combatifs".
La CFE-CGC, de même que l'association Energie en actions,
qui représente des actionnaires salariés et anciens salariés
d'EDF, ont fait savoir ces derniers jours qu'ils se réservaient
la possibilité d'attaquer en justice la décision du gouvernement
sur l'Arenh.
Les représentants syndicaux des salariés au conseil
d'administration du groupe se sont en outre dits "scandalisés"
par les annonces de l'exécutif et réclament que l'Etat compense
"intégralement" le coût de ces mesures pour EDF.
La direction d'EDF a déjà connu un sérieux revers l'été
dernier lorsque le gouvernement a mis en suspens le projet de
réorganisation du groupe, nommé "Hercule",qui était censé
accompagner une nouvelle régulation du parc nucléaire français.
EDF estime que le système actuel de l'Arenh constitue pour
lui un "poison" qui le contraint à s'endetter et limite sa
capacité d'investissement tout en subventionnant ses
concurrents.
(Edité par Nicolas Delame)