(Actualisé avec réactions)
LONDRES, 23 janvier (Reuters) - La Grande-Bretagne a accusé
samedi le Kremlin de chercher à installer un dirigeant pro-russe
en Ukraine, ajoutant que des agents du renseignement russe
avaient été en contact avec un certain nombre d'anciens hommes
politiques ukrainiens dans le cadre de projets d'invasion.
Le ministère britannique des Affaires étrangères n'a donné
aucun détail étayant ces accusations, qui interviennent dans un
contexte tendu qui a vu la Russie rassembler des dizaines de
milliers de soldats aux frontières de l'Ukraine.
Le ministère a déclaré avoir des informations selon
lesquelles le gouvernement russe considérait l'ancien député
ukrainien Evguéni Mouraïev comme un candidat potentiel.
"Nous ne permettrons pas au Kremlin de comploter pour
installer un dirigeant pro-russe à la tête de l'Ukraine", a
écrit la ministre britannique des Affaires étrangères sur
Twitter.
"Le Kremlin sait qu'une incursion militaire en Ukraine
serait une grave erreur stratégique et que le Royaume-Uni et ses
alliés imposeraient des sanctions sévères à la Russie", a ajouté
Liz Truss.
Evguéni Mouraïev, 45 ans, est une personnalité politique
pro-russe qui s'oppose à l'intégration de l'Ukraine à
l'Occident. Selon un sondage réalisé en décembre, il était
classé septième parmi les candidats à l'élection présidentielle
de 2024 avec 6,3% de soutien.
Tout en moquant les affirmations de la Grande-Bretagne, il a
appelé dimanche à mettre fin à la division de l'Ukraine entre
pro-occident et pro-russes.
"Le temps des politiciens pro-occidentaux et pro-russes en
Ukraine est révolu pour toujours", a-t-il déclaré sur Facebook.
"L'Ukraine a besoin de nouveaux politiciens dont la politique
sera basée uniquement sur les principes des intérêts nationaux
de l'Ukraine et du peuple ukrainien."
Le vice-Premier ministre britannique Dominic Raab a de son
côté déclaré à Sky News dimanche qu'il y aurait "de très graves
conséquences si la Russie prend (la) décision de tenter
d'envahir (l'Ukraine) mais aussi d'installer un régime
fantoche".
Le ministère russe des Affaires étrangères a qualifié les
affirmations de Londres de "désinformation" et accusé la
Grande-Bretagne et l'Otan de contribuer à "l'escalade des
tensions" concernant l'Ukraine.
"Nous appelons le ministère (britannique) des Affaires
étrangères à cesser ses provocations, d'arrêter de répandre des
inepties (...)", a écrit le ministère sur l'un de ses comptes
Facebook officiels.
La porte-parole du Conseil de sécurité nationale des
États-Unis, Emily Horne, a évoqué dans un communiqué un "complot
(...)profondément préoccupant". "Le peuple ukrainien a le droit
souverain de déterminer son propre avenir, et nous sommes aux
côtés de nos partenaires démocratiquement élus en Ukraine",
a-t-elle ajouté.
La Grande-Bretagne, qui a fourni cette semaine 2.000
missiles et une équipe de formateurs militaires à l'Ukraine, a
également déclaré qu'elle disposait d'informations selon
lesquelles les services de renseignement russes entretenaient
des liens avec de "nombreux" anciens hommes politiques
ukrainiens, y compris des personnalités liées à l'ancien
président pro-russe Viktor Ianoukovitch.
(Reportage Michael Holden et Paul Sandle, avec William James,
Natalia Zinets à Kiev et Polina Devitt à Moscou; version
française Camille Raynaud et Benjamin Mallet)